« parce qu’en voyage, tout ne peut pas toujours se dérouler comme prévu »
C’est l’heure de quitter le Cambodge pour nous rendre au Laos où je retrouverais Jacob et Jason. Je réserve un billet de bus qui me mènera de Siem Reap aux 4.000 îles, dans le sud du Laos. Pick up prévu à l’auberge à 6h40 pour un départ de bus à 7h30.
Le minivan viendra finalement me chercher sur les coups de 7 heures et, après avoir récupéré l’ensemble des autres voyageurs, nous nous dirigeons vers le nord. Enfin c’est ce que je pensais.
Depuis ces trois semaines au Cambodge, j’ai bien compris que prendre les transports n’était jamais une réelle partie de plaisir et, surtout, que l’heure indiquée correspond très rarement aux réalités : « vous avez la montre, nous avons le temps ».
7h00-11h00 : 2 pannes et 30 km parcourus
Quelques minutes après le départ, nous nous arrêtons dans un garage. Plusieurs hommes passent de longues minutes à observer le van, les pneus, le moteur, … Une heure après (à 9 heures donc), le bruit du moteur me réveille de ma sieste et nous partons enfin. Oui, sauf que dix minutes plus tard, nous nous arrêtons à nouveau dans un garage, où nous resterons cette fois presque 1 heure et demi. Si bien qu’à 11h00, nous avons avancé de 30km seulement.
Après un nouvel arrêt dans un restaurant au bord de la route, nous empruntons la route nationale. Alors que je plonge dans mon livre, un bruit assourdissant retentit, et le minivan se met à zigzaguer au milieu de la route. On vient de crever. Cool ! Une fois le véhicule arrêté sur le bord de la route, tout le monde sort constater les dégâts.
Une crevaison et paf, c’est la récré !!
On se regarde, sourire aux lèvres, trouvant la situation tellement ironique qu’on se retient d’exploser de rire (on est nerveux quand on se lève à 6 heures du matin). On sort la roue de secours du coffre et … elle est entièrement recouverte de rouille et complètement dégonflée. Le chauffeur la recharge dans le coffre, et sans un mot, remonte dans le van, démarre et s’en va au loin, nous laissant, la quinzaine de backpackers que nous sommes, sur le bas côté.
Évidemment, pas d’ombre sur cette route goudronnée qui relie deux villages distants de 20 km. Deux françaises qui faisaient partie du convoi partent explorer les horizons, une autre arrache quelques herbes et en fait des tresses pendant qu’un jeune homme cambodgien essaye d’apprendre aux autres à souffler dans leurs mains pour faire le bruit du coucou. Une petite fille et sa maman se mettent à chanter. Et finalement, tout le monde s’assoit en tailleur, en cercle, sur ce sol en béton noir que le soleil de cesse de réchauffer.
Moi, je les observe. On dirait un peu une cour de récréation. On se met à discuter, à parier sur le temps d’attente et sur le fait que nous arriverons, ou pas, à temps pour passer la frontière qui ferme à 17h30 !
J’aime bien ces moments où tu ne peux rien faire d’autre qu’attendre, discuter, partager, où une sorte de vide se crée dans ta tête parce que jamais tu n’aurais imaginé être là. A chaque bruit de moteur, tout le monde tourne la tête à l’unisson, avant de soupirer en constatant que non, ce n’est pas notre carrosse qui surgit à l’autre bout du virage.
Un pneu neuf et 2h plus tard, on repart…
C’est finalement peu avant 14h00, soit près de deux heures après avoir perdu sa roue, que notre van revient avec une roue toute neuve. C’est reparti pour 2 heures de route. Sur les quinze passagers du bus, nous ne sommes que deux à nous rendre au Laos, alors que tous les autres continuent leur route dans l’est Cambodgien.
Le minivan s’arrête sur un bord de route, le chauffeur nous dit espérer que la navette censée nous amener à la frontière nous aura attendu. Ah oui, moi aussi j’espère. Il fourre un billet dans la main d’un chauffeur de tuk tuk et lui demande de nous déposer illico à la station de bus de Pong Moan.
10 minutes plus tard, je découvre avec joie que la navette n’est pas partie sans moi. C’est donc reparti pour 1 heure de route jusqu’au poste de frontière Lao.
Passage de la frontière 10mn avant la fermeture
Avertie par les pratiques de corruption des agents à la frontière, ils me réclament 45$ pour mon visa sous prétexte qu’on est dimanche et que les bureaux ferment dans 10 minutes. J’hésite, parce que le tarif officiel est de 35 $. Le problème, c’est que si je refuse de payer, je vais devoir attendre qu’ils acceptent de me laisser passer, ce qui peut durer très longtemps, et la dernière navette pour les 4.000 îles part dans 10 minutes. Fatiguée de cette journée marathon et parce que la nuit se met à tomber, je finis par payer et monte dans le bus.
En pirogue jusqu’à Don Det…
Seules deux des 4.000 îles sont accessibles en bateau par nous autres les touristes, Don Det, l’île principale et Don Khon. Sur mon billet, il est spécifié que je dois me rendre sur la seconde, puisque c’est là que je suis censée rejoindre Chiara, Jacob et Jason. Enfin, c’est eux qui étaient censés me rejoindre parce que, partie la première tôt ce matin, je devais arriver aux alentours de 15 heures.
Je me dirige donc vers le ponton où sont amarrées les pirogues qui servent de navette. Les dix autres backpacks à vouloir regagner les îles et moi, montons donc dans un bateau et attendons encore quelques instants notre nouveau chauffeur (ou pilote ou skipper ou ce que vous voulez) parti faire ses courses (oui oui).
À 19h30, le bateau s’arrête sur l’île de Don Det. Oui mais moi, je vais à Don Khon.
« Oui mais non mademoiselle, on va pas à Don Khon après 17 heures ».
« Ah mais c’est une super nouvelle ça ! »
…à pied et à moto jusqu’à Don Khon
J’ai donc deux options : soit marcher 4 km pour rejoindre le pont qui sépare les deux îles, puis essayer de trouver l’auberge où se trouvent mes collègues (j’aime bien dire «collègues», ça fait un peu marseillais), soit trouver quelqu’un pour m’y emmener à moto. Bon, la marche dans la jungle, de nuit, sans lumière et toute seule, je suis moyennement chaude, je vais d’abord essayer de trouver la deuxième option. Je demande à une petite agence qui vend des billets de bus. 10$ … heu non merci, je ne suis pas suffisamment désespérée, et puis 45 minutes de marche, c’est pas si long finalement.
Je mets mon sac sur mes épaules, échange mes tongs contre mes baskets et j’entreprends ma marche nocturne.
Je passe devant un bar, le gérant me sourit, il a l’air sympa. Je m’arrête et lui demande mon chemin. Il me dit que c’est très long pour aller jusqu’à Don Khon à pied et que le terrain n’est pas bon. Il me montre sa moto et me propose de m’amener à mon auberge pour 2,5$. 10 minutes plus tard, je pose mon sac sur la terrasse de notre bungalow à la Nongsak Guesthouse et m’ouvre une bière bien méritée !